Hello,

Aujourd’hui, on parle d’une petite chapelle suisse qui a installé un « Jésus IA » pour explorer les liens entre foi et technologie.

Ça sonne assez léger dit comme ça, mais les implications donnent beaucoup plus à réfléchir.

Pendant ce temps, la fuite imprévue de Sora chez OpenAI a beaucoup fait parler, et la Chine avance tapie dans l’ombre pour rattraper et dépasser les US dans la course à l’IA.

Théo

Un prêtre remplacé par l’IA

Oui, vous avez bien lu.

La chapelle de Peter est l’établissement religieux le plus ancien de la petite ville de Lucerne, en Suisse.

Ils enchaînent les tests pour mêler modernité et spiritualité.

La chapelle a sa propre version en réalité virtuelle, permettant aux visiteurs du monde entier de la visiter et de profiter des expositions qu’elle met en place.

Mais récemment, ils ont décidé d’aller encore plus loin en proposant aux croyants de se confier à une IA.

Le projet Deus in Machina a transformé le confessionnal en un espace de dialogue spirituel avec un avatar de Jésus.

Alimenté par GPT-4o, le modèle basé sur les textes bibliques est capable de converser dans 100 langues.

L’objectif ?

Explorer comment l’IA peut enrichir la spiritualité moderne et répondre aux questionnements religieux.

Sauf qu’une IA reste fondamentalement imprévisible.

Pour un sujet aussi sensible que la religion, il fallait être sûr à 100 % que les réponses ne soient pas inappropriées.

Alors malgré un test intensif de l’IA avant son lancement, le risque d’incidents a poussé la chapelle à limiter l’initiative.

Pendant deux mois, près de 1 000 visiteurs ont interagi avec ce "Jésus numérique".
Et les résultats sont plutôt positifs.

Controverse ou réussite ?

Environ deux tiers des retours ont décrit l’expérience comme une "rencontre spirituelle".

Beaucoup ont salué la capacité de l’avatar à fournir des réponses basées sur les textes sacrés, suscitant réflexion et introspection.

Mais le dernier tiers n’a pas jugé ce dialogue constructif.
D’après eux, les réponses du modèle seraient “mécaniques” et “superficielles”.

Les critiques les plus vives sont venues de l’intérieur de la communauté religieuse.

Certains considèrent comme du blasphème l’utilisation du confessionnal ou l’usage d’images numériques pour représenter le Christ.

Pour en savoir plus sur l’IA et la religion :

Malgré tout, l’expérience semble prometteuse.
Elle montre que l’IA pourrait devenir un guide multilingue pour aborder la religion.

Sans remplacer les prêtres, elle peut faciliter la transmission de l’enseignement religieux en offrant des réponses personnalisées.

La technologie pourrait être un nouveau moyen pour les croyants de découvrir les écrits et de renforcer leur foi, notamment pour les analphabètes.

Panique chez OpenAI

Une fuite imprévue fait de gros dégâts

Mardi 26 novembre 2024.

Sora, le modèle de génération de vidéos d’OpenAI encore en plein développement, se retrouve accessible à tous sur la plateforme Huggingface.

Il est capable de produire des vidéos de 10 secondes en HD.
Une folie.

Des dizaines d’extraits se sont retrouvés sur les réseaux :

Le modèle a été rendu public de manière non autorisée par un groupe de testeurs et d’artistes. Ce groupe était censé avoir un accès anticipé à Sora pour créer des vidéos et explorer ses possibilités.

Sauf que ça ne s’est pas passé comme prévu.

L’entreprise leur aurait demandé de tester le système, signaler des erreurs et fournir des retours détaillés ; en bref : être des bêtas testeurs gratuits.

Ca a suffit à mettre le feu aux poudres.

OpenAI est dénoncé comme une entreprise opportuniste et peu scrupuleuse dans la lettre ouverte qui accompagne la fuite du modèle.

Mais ce n’est pas la première fois que ce genre de conflit apparaît.

Depuis leurs créations, les modèles de génération d’images sont accusés d’utiliser les travaux d’artistes sans leur consentement explicite.

Plus de détails dans cet article :

Et Sora n’échappe pas à la controverse : OpenAI garde les données d’entraînement du modèle confidentielles. Impossible de savoir quels travaux ont été utilisés.

L’ancienne CTO d’OpenAI, Mira Murati, semblait démunie face à la question : “Est-ce que le modèle a été entraîné sur des vidéos Youtube, Instagram ou Facebook ?”

L’extrait de l’interview :

La fuite n’a dévoilé ni le code source de Sora ni d’informations sur ses données d’entraînement.

Quelques heures après le drame, OpenAI a révoqué tous les accès utilisateur à la plateforme.

Bilan : on est loin d’une catastrophe pour OpenAI.

Et d’ailleurs, pourquoi avoir attendu ces quelques heures avant de révoquer les accès ?
Quand on y réfléchit, cet événement a peut-être servi à OpenAI.

La démo a mis en avant les capacités impressionnantes de Sora, notamment sa production rapide de vidéos personnalisables.

On verra si cette affaire impacte le développement du modèle dans une prochaine édition.

La Chine rattrape les Etats-Unis

Baichuan sort un nouveau modèle

Baichuan est une start-up d’IA financée par le géant Alibaba.
Et elle vient de sortir un modèle qui surprend le monde entier.

Lancé sous le nom de QwQ-32B-Preview, QwQ démontre des scores impressionnants en raisonnement mathématique et en programmation sur différents benchmarks :

Le modèle a une arme secrète qui lui permet de rattraper son retard : son processus d’introspection profonde.

Pour faire simple, il affine et ajuste ses réponses pendant qu’il y “réfléchit.”

Comme si l’IA adoptait un raisonnement humain en se corrigeant elle-même pour arriver au meilleur résultat. Exactement comme o1, le petit dernier d’OpenAI.

Malgré tout, QwQ a encore du chemin à faire pour rattraper ses cousins américains :

• Des incohérences linguistiques peuvent apparaître dans certaines situations.

• Le modèle peut se perdre dans des boucles de raisonnement, rendant son utilisation incertaine.

• Il est perfectible sur des tâches nécessitant une compréhension plus subtile du langage naturel.

Mais Baichuan se démarque aussi par son approche open-source.

Les développeurs de tous les pays du monde peuvent avoir accès à QwQ pour créer leur propre version du modèle et y apporter des améliorations.

D’ailleurs, vous pouvez tester le modèle ici :

Cela permet d’attirer des talents du monde entier vers leur modèle pour créer une collaboration internationale dans un contexte tendu.

Et c’est pas pour rien que l’administration Trump regarde l’innovation chinoise d’un mauvais œil, et pourrait mettre un terme à la collaboration entre les deux pays.

On en parlait dans cet article :

Ces modèles sont-ils vraiment sûrs malgré l’implication du gouvernement chinois ?
Est-ce que la Chine a les moyens de construire son propre écosystème autour de l’IA ?

On vous donnera les réponses à toutes ces questions dans un article consacré à la place de la Chine dans l’IA très prochainement, parce que spoiler : dans l’éducation, ils sont très très bons. Et ça touche directement l’IA.

Et voilà pour aujourd'hui !

On se retrouve jeudi !

En attendant, dis moi-ce que tu as pensé de la newsletter d'aujourd'hui !

La remarque de la semaine dernière :

Merci pour vos retours nombreux sur la newsletter L’histoire de l’IA depuis l’Antiquité !

On fera plus de rétrospections sur l’IA à l’avenir.
Par exemple :

On se retrouve pour la partie 2 de L’histoire de l’IA jeudi !

PS : Cette newsletter a été écrite à 100% par un humain. Ok, peut-être 80%.