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Hello,

Squeezie fait polémique en parlant d’IA dans une vidéo.

Pendant ce temps, vous nous envoyez des messages exprimant vos inquiétudes sur l’évolution de l’IA.

Cette technologie polarise.
Et on vous explique pourquoi.

Théo

Focus : L’IA est détestée

“L’IA me fait peur”, “Je n’aime pas cette techno”, “On va droit dans le mur”.

C’est le genre de message qu’on reçoit à chaque fois qu’on aborde un sujet lié à votre opinion sur l’IA.

Alors on s’est demandé pourquoi.

À suivre :

  • Pourquoi tant d’anxiété ?

  • D’où vient cette défiance ?

  • Comment faire pour tirer le meilleur de l’IA ?

La méfiance grimpe

Aux États-Unis, la défiance dépasse clairement l’enthousiasme.

Une majorité d’adultes se dit « plus inquiète qu’enthousiaste » face à l’IA (51 %), quand seuls 11 % sont « plus enthousiastes qu’inquiets ».

43 % pensent que l’IA a davantage de chances de leur nuire que de les aider, 24 % anticipent l’inverse.

Les peurs dominantes ? La désinformation (66 %), la perte d’emploi (56 %) et la déshumanisation des interactions (57 %).

La confiance dans la capacité des institutions à encadrer tout ça est au plus bas.

62 % des Américains disent n’avoir que « peu » ou « pas du tout » confiance dans l’État fédéral pour réguler l’IA.

59 % formulent la même défiance envers les entreprises pour développer l’IA de manière responsable.

À l’échelle mondiale, le tableau est tout aussi partagé.

D’après l’AI Index, 55 % des répondants estiment que les bénéfices de l’IA l’emportent sur les risques.

Mais l’émotion dominante est bien la peur : 38 % de « nerveux », contre 34 % « d’enthousiastes. »

58 % des personnes interrogées pensent que l’IA va « changer leur vie. »

La population est curieuse, mais loin d’être sereine.
Et cette anxiété se traduit par des mouvements de défiance très concrets.

Fin 2022, des milliers d’artistes ont inondé ArtStation d’images « NO AI » pour protester contre l’IA générative et l’usage de leurs œuvres dans l’entraînement des modèles.

Hors de questions que leurs travaux servent de carburant sans consentement ni compensation.

En 2023, une grève des scénaristes Hollywoodiens a obtenu gain de cause sur l’usage de l’IA dans l’écriture.

L’accord SAG-AFTRA a encadré la reproduction numérique des acteurs (visages, voix, figurants « scannés ») pour éviter des réutilisations sans contrôle.

La résistance à l’IA ne se limite pas à quelques justiciers de Twitter : elle a bloqué l’industrie du cinéma pendant des mois, jusqu’à l’obtention de clauses dédiées.

Même les champions de la création numérique ont connu des tourmentes.

Adobe a dû clarifier en urgence ses conditions d’utilisation après une levée de boucliers.
Des créateurs craignaient que leur travail serve à entraîner des modèles.

La firme a assuré que Firefly était entraîné sur des contenus sous licence Adobe Stock, du domaine public et des données propres.

Pour protester, certains choisissent une voie encore plus radicale.

Procreate, l’app d’illustration sur iPad, a publié un « manifeste anti-IA » et annoncé que son générateur d’images s’entraînerait sur des données explicitement consenties.

Un positionnement marketing qui traduit les attentes des consommateurs.

Plus la technologie progresse, plus l’opinion se radicalise par peur de la manipulation, du déclassement, ou de l’atteinte à la création.

Spoiler : ces inquiétudes sont fondées.
Elles témoignent d’un échec des entreprises et des institutions à créer la confiance.

Le carburant de l’anxiété

En deux ans, l’IA s’est introduite dans notre quotidien : générer un contrat, résumer un rapport, transcrire une réunion, coder un module…

Et pour les conservateurs, tant qu’on ne maîtrise pas pleinement la technologie, mieux vaut freiner son développement.

Surtout quand on sait que la plupart des modèles sont des boîtes noires dont on ne connaît que partiellement le raisonnement.

Problème : la compétition du marché est trop forte pour permettre une décélération.
Et puis, il y a les craintes sur l’emploi.

L’IA commence déjà à déplacer des métiers.

En Europe, British Telecoms prévoit jusqu’à 55 000 suppressions de postes d’ici 2030, dont près de 10 000 directement liées à l’IA sur les activités client et réseau.

Côté relation client, Klarna a déployé un assistant IA qui gère désormais une part massive des conversations.

La fintech explique que ce système effectue l’équivalent du travail de 700 agents à temps plein.

Chegg a annoncé une restructuration avec environ 23 % de son effectif supprimé pour réorienter l’offre face aux usages de l’IA générative.

Duolingo a cessé de travailler avec une partie de ses traducteurs externes au profit de systèmes d’IA supervisés.

Avez-vous peur que l'IA remplace votre emploi ?

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Tout ça, à cause de l’arrivée des agents.
Mais est-ce que l’IA détruit vraiment des emplois ?

Klarna a déjà fait réembauché des humains, expliquant qu’ils étaient irremplaçables mais que l’IA leur permettrait “de briller dans leurs domaines respectifs."

Est-ce que l’économie n’est pas juste en train de se transformer un peu trop vite pour nous ?

Les cabinets qui suivent le sujet estiment un potentiel de valeur créé de plusieurs milliers de milliards de dollars par an, selon l’ampleur de l’adoption et les cas d’usage retenus.

On parle d’heures gagnées, d’erreurs évitées, d’accès élargi à des capacités jusque-là réservées à des experts.

Sauf que ce n’est pas terminé.

Une autre peur ressort dans toutes les études : celle de l’utilisation malveillante de l’IA, notamment des deepfakes.

Les exemples ne manquent pas.
L’IA a déjà été utilisée pour influencer des élections.

Aux États-Unis, un faux message vocal imitant la voix de Joe Biden a circulé à l’approche de la primaire du New Hampshire pour décourager des électeurs.

Au Royaume-Uni, des audios attribués à des responsables politiques ont circulé, nourrissant la défiance et les soupçons de trucage généralisé.

Alors comment aborder nos craintes ?
Comment nous adapter dans ces nouveaux marchés ?

Doit-on détester l’IA ?

L’IA n’est ni un messie ni un monstre.
Pour éviter des dérives, il nous revient d’exiger certaines mesures.

De la transparence des entreprises et des lignes directrices claires de nos décideurs.
Le but est d’aligner l’incitation économique avec l’intérêt général.

C’est à cette condition que l’IA cessera d’être « détestée. »
Mais à notre échelle, le plus important reste de comprendre la technologie.

Est-ce que je me suis suffisamment formé à cette tech ?
Dans quelle direction va mon entreprise ?
Est-ce que j’utilise les bons outils ?

En s’appropriant l’IA, on fait un premier pas pour être de ceux qui profitent de la révolution.

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PS : Cette newsletter a été écrite à 100% par un humain. Ok, peut-être 80%.

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