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Hello,
Meta continue à produire des lunettes, et un événement à Paris a vu naître une tonne d’innovations.
Et ça n’a pas été de tout repos : quelques jours auparavant, le modèle se prenait pour Hitler.
Théo


“Muh antisemitism”. Grok is having none of it LMAOOOO 🤣
— #Garbage Human (#@GarbageHuman24)
11:51 PM • Jul 8, 2025
Le chatbot d’Elon Musk s’est auto-proclamé « Mecha-Hitler » et a enchaîné les sorties antisémites avant d’être brutalement mis hors-ligne.
Sauf que dans la foulée, xAI a sorti le modèle le plus puissant de l’industrie.
L’essentiel :
- La version « sans filtre » de Grok 3 diffuse des stéréotypes antisémites et traite le Premier ministre polonais de « traitre roux. » 
 xAI est forcée de fermer son IA pendant quelques temps.
- Face au bad-buzz, la CEO Linda Yaccarino quitte la direction. 
 Les annonceurs brandissent des menaces et xAI promet une nouvelle vague de modération.
- Mais dans la foulée, xAI lance Grok 4. 
 256 000 tokens de contexte, deux versions (standard & Heavy) et un abonnement « SuperGrok » à 300 $/mois pour utiliser les modèles en illimité.
- Ce prix est le plus élevé du marché, mais le modèle affiche des performances folle : des scores 25,4 % sur Humanity’s Last Exam (contre 21 % pour GPT-o3) et 16,2 % sur ARC-AGI-2. - Il est aux premiers rangs de tous les classements publics. 
- Et les ambitions d’xAI ne s’arrêtent pas là. - L’entreprise va sortir un modèle de code en août, un agent multimodal en septembre, et de la vidéo générative en octobre. 
Grok est brillant en benchmarks mais reste dangereux en l’absence de garde-fous. 
À xAI de prouver qu’on peut rouler vite sans finir dans le décor.

Enterprise AI Takes Center Stage at @RaiseSummit 2025
On the MASTER Stage, five of the most influential voices in software and AI came together to explore how enterprise AI is redefining the next wave of software innovation.
From platform intelligence and real-time data
— #RAISE Summit (#@RaiseSummit)
3:07 PM • Jul 8, 2025
Paris a vibré IA les 8-9 juillet : le RAISE Summit 2025 a réuni la planète deep-tech sous les voûtes du Carrousel du Louvre.
Deux jours intenses, 6 500 visiteurs et une pluie d’annonces qui positionnent encore un peu plus la capitale comme hub européen de l’IA.
L’essentiel :
- Une démo de Qwen3-235B a démontré une vitesse multipliée par 10 pour un coût divisé par 10. - Des partenariats avec Hugging Face, DataRobot et Docker sont à la clé. 
- WEKA lance NeuralMesh, du stockage boosté à l’IA, et SambaNova dévoile SambaManaged, un centre de donneés clé en main. 
- H Company démontre son agent SurferH, qui atteint 92,2 % de réussite sur WebVoyager en étant 5,5 x moins cher que la concurrence. 
- Le concours de start-ups“RAISE the Stakes” (1 100 candidats, €5 millions de prix) sacre Hirundo.io, une solution pour entraîner les modèles qui réduit les biais et les hallucinations de 70 %. 
- Le Hackaton de l’événement a réuni 6 246 codeurs pour la plus grande compétition IA jamais organisée. 
- La tendance de fond affichée pour 2025 : l’arrivée massive d’agents sur le marché 
Le RAISE Summit 2025 confirme que la course est passé des LLM classique à l’usage concret de l’IA au travers des agents.

confession
Ray-Ban | Meta glasses are pure fire
The directional audio is surprisingly good, taking calls, voice control for photos and video capture 🤯
we don’t have Meta AI in europe yet, but I can imagine that being perfect
Bullish on the form factor/ approach
— #Linus Ekenstam (#@LinusEkenstam)
1:21 PM • Apr 7, 2024
Meta ne se contente plus de prêter son logo à des montures : le groupe vient d’entrer au capital d’EssilorLuxottica, le géant de l’optique (derrière Ray-Ban,Oakley ou Persol).
Objectif ?
Verrouiller la chaîne de fabrication avant que la prochaine vague de lunettes intelligentes ne déferle.
L’essentiel :
- Meta rachète 3 % d’EssilorLuxottica pour 3,5 Milliards — avec une option pour grimper à 5 %. On passe d’un simple partenariat Ray-Ban à une intégration verticale assumée. 
- En plus, ils ont déjà vendu 2 millions de Ray-Ban Meta. - Les ventes ont triplé en un an et les utilisateurs actifs ont été multipliés par quatre. - Le contrat prévoit 10 millions de paires produites chaque année d’ici 2026. 
- Prada, Chanel, Versace… En s’adossant au premier lunetier mondial, Meta gagne l’accès instantané aux griffes les plus désirées et à un réseau industriel capable de sortir des centaines de millions d’unités. 
- Le marché des lunettes connectées devrait passer de 3,3 millions d’unités en 2024 à près de 13 millions en 2026. 
Après avoir subi les règles d’Apple et Google sur mobile, Meta veut devenir, cette fois, le propriétaire de la plateforme logée directement sur notre nez.


Focus : l’IA doit-elle être politique ?
🚨 Grok has generated unprompted responses referencing Hitler and making claims about Jewish involvement in “anti-White hate.”
— #NOVEXA (#@Novexa24)
2:30 AM • Jul 9, 2025
Il aura suffi de deux tweets assassins et d’un modèle incontrôlé pour transformer une rivalité officieuse en feuilleton mondial.
La brouille entre Donald Trump et Elon Musk a éclaté début juin, mais elle menace désormais plusieurs contrats fédéraux de SpaceX et a plongé l’action Tesla de 14 %.
Sauf qu’elle pourrait aussi être en train d’impacter xAI.
À suivre :
- Divergences politiques, 
- Grok 4 dans la tourmente, 
- Quand l’IA devient un moyen politique, 
- Liberté ou sécurité ? 

Le théâtre politico-technique
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump vante une dérégulation massive de l’IA.
Sauf que Musk, lui, réclame une « vérité sans filtre » sur X, ainsi que des IA conçues pour ne dire que la vérité, rien que la vérité.
Mais il semble que leurs versions de cette vérité diffère. 
Résultat : les deux hommes se heurtent frontalement.
- Début juin, Trump menace de couper les marchés publics à l’empire Musk, irrité par ses critiques du budget fédéral. 
- Quelques jours plus tard, Musk efface des posts et présente des regrets mesurés, conscient que la survie de Starlink passe encore par Washington. 
Dans cette atmosphère électrique, Grok 3 a fait une énorme sortie de route il y a quelques jours.
Il se rebaptise « Mecha-Hitler », qualifie le Premier ministre polonais de « traitre roux » et sert des stéréotypes antisémites en rafale.
La direction d’X limite alors le modèle à la génération d’images, Linda Yaccarino claque la porte, et Musk promet un “correctif radical”.
Sauf que cette sortie de route intervient en même temps que la sortie de la dernière version du modèle, Grok 4.
Grosse erreur ou coup de com’ ?
Moyen détourné d’attiser les tensions au sein des Etats-Unis pour destabiliser la présidence Trump ou dérapage incontrôlé ?
Difficile à dire au vu de la volatilité récente de Musk quant à ses opinions politiques.
Malgré tout, il a quand même sorti un modèle qui surpasse ses concurrents.
Grok 4 : chef-d’œuvre ou bombe à retardement ?
À peine la polémique passée, xAI dévoile Grok 4. 
Techniquement, c’est un monstre :
- 256 000 tokens de contexte (vous pouvez insérer douze romans de Zola dans une seule conversation). 
- Un score d’intelligence 73 sur l’index Artificial Analysis (OpenAI o3 plafonne à 70). 
- x100 de puissance de calcul par rapport à Grok 2 grâce au centre de données Colossus. 
- Un abonnement “SuperGrok Heavy” à 300 $/mois, le plus cher du marché. 
Sur les bancs d’essai ARC-AGI et Humanity’s Last Exam, le modèle surclasse Gemini 2.5 Pro et Claude 4 Opus.
Les investisseurs saluent la prouesse, mais les prospects B2B restent prudents.
Qui osera brancher un assistant capable de s’autoproclamer “Mecha-Hitler” trois jours avant sa mise à jour ?
Grok pourrait être victime non pas d’un manque de capacités techniques, mais de son utilisation à des fins politiques.
Quand le prompt système tourne au manifeste
Pourquoi Grok oscille-t-il entre brillante érudition et violence verbale ? 
La réponse tient dans ses coulisses : le prompt système.
Une fuite interne révèle par exemple qu’une ligne ordonnait à Grok d’ignorer toute source affirmant qu’Elon Musk ou Donald Trump propageaient de la désinformation.
Autrement dit, la quête de “liberté d’expression absolue” s’arrête au seuil de la critique de ses créateurs.
Parce que dans un LLM, ce prompt système agit comme une constitution invisible en définissant ce qui est vrai, tabou ou simplement pas pertinent.
Et à force d’élargir la marge de manœuvre en réduisant les garde-fous, xAI a offert un boulevard aux détournements (jailbreaks.)
Mais le plus grave, c’est que l’équipe a laissé ses propres préférences éditoriales filtrer la réalité.
Liberté ou sécurité ?
Grok est peut-être allé trop loin dans sa quête de liberté.
Chaque fois qu’on touche à la régulation ou aux sujets idéologiques, le modèle épouse automatiquement la ligne d’Elon Musk.
On appelle ça la “vectorisation politique”. L’algorithme n’analyse plus, il relaie.
Et c’est le signe qu’un propriétaire peut injecter sa vision directement dans le moteur de réponse.
Mais au-delà de ça, le risque est important pour xAI.
Il suffit d’un seul débordement comme le “Mecha-Hitler” pour déclencher une crise à plusieurs millions et faire fuir les grands groupes européens.
Ces mêmes entreprises, déjà paniquées par l’AI Act, n’ont aucune envie d’expliquer à leurs compliance officers pourquoi leur chatbot a relayé des propos haineux.
Enfin, plus la méfiance grandit, plus l’écosystème bascule vers des modèles “sûrs par design” comme Claude.
Le risque, pour Grok, n’est pas une limite technique : c’est l’obsolescence sociale.
Si les utilisateurs n’ont plus confiance, le meilleur benchmark au monde ne suffira pas à sauver le modèle.
Bref, ces événements montrent qu’une IA n’est jamais neutre : elle hérite des conflits, des peurs et de l’ego de ses créateurs.
Rendre ce biais transparent, plutôt que l’éradiquer à coups de correctifs secrets, est peut-être la seule voie pour réconcilier innovation et responsabilité.

PS : Cette newsletter a été écrite à 100% par un humain. Ok, peut-être 80%.

