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Hello,

Une chanson générée par IA de Drake et The Weeknd cumule des millions d’écoutes avant d’être supprimée pour atteinte aux droits d’auteur.

Pendant ce temps, des centaines de milliers de livres piratés alimentent en secret l’entraînement de modèles.

Comment les créateurs réagissent-ils ?
Ont-ils encore un avenir face à l’IA ?

Théo

Focus : Résister ou co-créer ?

Les IA génératives se sont démocratisées dans tous les domaines créatifs.
Que ce soit pour rédiger un paragraphe, créer un visuel ou composer une mélodie.

Le modèle Stable Diffusion a été entraîné sur 5 milliards d’images pour apprendre à dessiner dans tous les styles.

ChatGPT a été nourri de textes provenant de milliers de livres et d’articles disponibles en ligne.

Résultat ?

Une prolifération de contenus créés par des IA, au point que certains experts estiment que d’ici 2025, 90 % des contenus en ligne pourraient venir d’un modèle.

L’IA est-elle en train de redistribuer les cartes de la création artistique ?

À suivre :

  • Vols d’oeuvres ou inspiration ?

  • Et si l’IA nous accélérait ?

  • Notre point de vue sur l’IA dans l’écriture

Vol d’œuvres ou inspiration ?

Pour de nombreux artistes, la première réaction est la colère.

La dessinatrice Karla Ortiz a qualifié l’essor des IA imitatives de « vol d’identité », une intrusion qu’elle estime bouleversante dans son processus créatif.

Toutes les œuvres qui m’appartiennent ont servi à entraîner ces modèles. J’étais choquée.

Elle n’est pas seule : trois artistes (dont Ortiz) ont intenté un procès retentissant contre les entreprises derrière ces IA génératives.

Et en 2024, un juge américain a autorisé l’affaire à poursuivre son cours, contraignant les éditeurs d’IA à davantage de transparence sur leurs données d’entraînement.

Mais les arts picturaux ne sont pas les seuls à être affectés.
Les écrivains vivent un choc similaire.

Fin 2023, on a découvert qu’une base de données nommée Books3 contenait pas moins de 196 000 ouvrages piratés, utilisés pour entraîner des IA en secret.

Des classiques du domaine public y côtoyaient des romans récents encore sous droit d’auteur, y compris des auteurs français à succès.

Tenter d’empêcher cette exploitation reviendrait à vider l’océan avec une petite cuillère.

Plus de la moitié des auteurs (56 %) citent le plagiat et les questions éthiques parmi leurs principales préoccupations vis-à-vis de l’IA.

Sauf que leurs craintes pourraient être en train de se réaliser.

Peut-on encore parler de paternité de l’œuvre quand une machine s’entraîne sur vos écrits pour en produire de nouveaux ?

Dans la musique, le scénario se répète.

En 2023, un titre imitant la voix de Drake a affolé les compteurs sur les réseaux avant d’être retiré.

Le label Universal a rapidement serré la vis en demandant aux plateformes de bloquer l’accès des IA à ses chansons.

La plateforme Spotify a même supprimé des dizaines de milliers de titres générés via l’IA Boomy pour protéger les revenus des musiciens authentiques.

En même temps, si n’importe qui peut inonder Spotify ou YouTube de contenus générés à la chaîne, comment les créateurs humains peuvent-ils se faire entendre ?

L’IA comme muse

Face à l’essor de cette tech, un autre groupe de créateurs explore une voie médiane : considérer l’IA comme un outil de co-création plutôt que comme un rival.

Après tout, elle peut aussi nous aider à repousser nos limites créatives.

75 % des auteurs de livres francophones disent connaître les principaux outils d’IA du marché, et plus de la moitié les ont déjà testé dans leur travail.

55 % des auteurs interrogés ont utilisé une IA pour documenter une histoire ou rechercher des informations, et 42 % s’en servent pour l’amélioration de textes.

Évidemment, la matière brute fournie par un modèle est à peaufiner : le style est générique, mais c’est une base de travail qui fait gagner du temps.

Dans le domaine musical, des compositeurs commencent à s’appuyer sur des IA pour créer des mélodies d’accompagnement ou tester des combinaisons sonores inédites.

La chanteuse Grimes a même choisi d’embrasser la tendance.

En 2023, elle a offert au public la liberté d’utiliser sa voix synthétisée dans de nouveaux morceaux.

La seule condition ?
Faire 50/50 sur les Royalties.

Elle veut faire de l’IA un partenaire de création comme un autre plutôt que de subir les frais des contrefaçons.

Mais ça va encore plus loin : l’IA peut aussi servir de tremplin à de nouveaux créateurs.

Un auteur a publié près de 97 petits livres en un an grâce à l’aide de ChatGPT, accumulant quelques milliers de dollars de revenus.

Ces ouvrages restent simplistes, mais ils illustrent comment la tech peut abaisser les barrières d’entrée.

Aujourd’hui, un créatif seul peut concrétiser des projets qui nécessitaient une équipe entière.

Écrire avec une IA

Sauf que pour l’instant, l’IA a encore du mal à retranscrire l’originalité d’un écrivain, ou même à générer une émotion authentique.

C’est encore plus flagrant pour Nathanaël et moi, qui écrivons tous les jours.

Même les meilleurs modèles ne rivalisent pas avec l’humour, la sensibilité ou l’imagination d’un humain.

Le jour où une IA écrira un roman vraiment drôle, on sera mal.

Cela ne nous empêche pas d’apprécier l’IA comme assistant.

En quelques secondes, ChatGPT nous suggère dix titres alternatifs pour un article ou nous résume un chapitre de recherche.

Mais vous fournir un article écrit à 100 % par l’IA sans y apporter aucune retouche, même si elle est bien entraînée sur notre style, reste impossible pour l’instant.

Vous le verriez tout de suite, parce que le texte serait fade, standardisé.

Donc les créateurs sont-ils condamnés à l’extinction ?

Chaque révolution technologique a suscité des craintes similaires, avant d’être utilisée comme nouveau moyen d’expression.

Une IA encadrée devient un levier pour décupler l’imagination des artistes, tout en démocratisant l’accès à la création.

Mais l’innovation technique doit s’accompagner d’une innovation éthique pour que l’écosystème reste viable.

Pourquoi ne pas imaginer des licences où les artistes seraient rémunérés lorsque leurs œuvres servent à former un modèle ?

Peut-être que les moins créatifs se feront remplacer.

Mais ceux capables d’insuffler un peu de leur âme dans une oeuvre atteindront des sommets.

Seriez-vous prêt à co-créer avec une IA ?

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PS : Cette newsletter a été écrite à 100% par un humain. Ok, peut-être 80%.

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